Présenté pour la première fois au salon Multiples de Morlaix, voici « Sous vos pieds », un livre (presque) sans texte.
Depuis plusieurs années, Claude Baudin regarde à ses pieds et saisit avec son objectif ce qui lui saute aux yeux. Son travail consiste ensuite à produire une image qui, sans toutefois sauter aux yeux du spectateur, lui permet d’accomplir le chemin qui va de l’informe au ressemblant. Pour y parvenir, elle modifie les rapports de luminosité entre les différentes parties de l’image. Elle utilise pour cela le monochrome, passant du noir et blanc argentique de la série Archéologies au bleu cru du cyanotype, assombri ou cuivré par les procédés de virage.
Il lui faut aussi modifier la perspective, troubler l’échelle du regard, opérer dans les données de la bande passante ou de l’asphalte un découpage qui permet de conduire le regard de l’insignifiant jusqu’au sujet photographique. Ainsi surgit, à la frontière entre l’image idiote (comme les caricatures de visages dans les craquelures du mur) et l’effort esthétique et signifiant, le fruit partageable de la paréidolie, dont les définitions comme les manifestations oscillent entre l’art et l’insane.
Le livre est enrichi par des interventions en linogravure, certaines directes (comme les empreintes de pied ou les textes que l’on peut voir sur l’image de tête), d’autres retravaillées en photographie cyanotypique à partir d’une reproduction. Ci-dessous, la version numérique d’une composition qui donne naissance au négatif du cyanotype contenu dans le livre.
Description de l’ouvrage:
13 cyanotypes originaux de Claude Baudin sur papier washi 80 grammes, contrecollés sur papier lokta contenant du Mitsumata, avec un texte de Dominique Barberet Grandière réalisé en linogravure. Couverture en papier népalais texturé. Reliure japonaise. Dimensions: 21×42 cm. 5 exemplaires numérotés de 1 à 5, et un exemplaire hors commerce.
Prix: 150 euros.
bonjour , merci pour votre réponse rapide et efficace . J’ai compris que CL Baudin arpente les trottoirs , au pied du mur donc , sinon les pieds au mur, et la question reste en suspens : quelle est la part de hasard dans ces rencontres et dans ces traductions ? Je pratique la gravure , l’eau-forte , et le « hasard comme méthode » véhicule mon plaisir à exercer cette pratique qui requiert néanmoins une technique précise . Quelle est la part de hasard chez Rimbaud ? Dans le choix des mots-idées-concepts ? Je ne suis ni chirurgien ni boulanger , heureusement…CordialementPH
bonjour ,demande d’information : qu’est « une image idiote » ?( révélée par les craquelures d’un mur ) , Idios , idiotisme … les murs ( nous ) parlent , c’est intraduisible , il s’agit d’apprendre la langue Mur . Cl Baudin murmure le Mur avec une sensibilité stimulante .Où a-t-elle appris le Mur ? Cordialement PH
Cher PH, je n’ai pas encore appris le Mur. En ce qui concerne les images, il ne s’agit pas de « murs », mais de trottoirs que j’ai arpentés les yeux baissés.
Claude
Note de la Rédaction à propos de « peintures idiotes »:
« J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs… » (Rimbaud, une Saison en enfer)
+ représentations humaines préhistoriques : voir hominidés/grotte de la Marche sur Internet.