Figures Fugitives: la maquette

L’origine du livre, c’est l’exposition. Il faut trouver comment passer de l’un à l’autre. Nous sommes confrontées essentiellement à deux difficultés.

Lamentations // Clichy // 2012

 

La première tient à la structure même de l’œuvre. Comme on le voit sur la photographie de l’accrochage, il y a sept images et cinq textes (le premier est seulement une citation). De plus, si chacune des deux séries est ordonnée, on ne peut pas faire correspondre un texte à une image. Cela tient à la façon même dont nous avons travaillé, à l’aveugle. La forme « livre » imposerait au lecteur des associations pré construites. Restent soit une forme pliage, qui permettrait une lecture à plat identique à celle de l’accrochage, soit un feuille à feuille, qui permet de battre et rebattre les cartes, à son gré. La forme pliage s’exclut, compte tenu de la surface de papier nécessaire et de la multiplication des plis en épaisseur.
Donc, le feuille à feuille. Mais comment matérialiser les deux suites? En les insérant dans des dossiers séparés.

Cette solution résout le second problème. Les textes avaient donné lieu à un travail typographique – ils étaient même en partie issus de ce travail typographique. Bien entendu, les typographies ont été élaborées en PAO. Mais elles étaient conçues pour l’accrochage, et je ne voulais pas qu’elles soient reproduites à l’identique pour le passage à la forme livre. Je ne les imaginais qu’intaillées dans le moelleux d’un beau papier. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées au Moulin du Got… qui n’avait pas de solution pour la reproduction des cyanotypes. La solution « feuille à feuille » a permis de faire réaliser la reproduction et le tirage des images par une autre imprimerie qui a sué sang et eau, car la colorimétrie d’un cyanotype…(l’imprimerie Launay, à Paris, métro Jussieu).

La forme du livre est choisie, les caractères également, les cyanotypes sont prêts, nous pouvons présenter la maquette:

Les typographes du moulin, Christophe Roudaud et Isabelle Pastor, ont fait l’essentiel du travail. Il reste à réaliser des clichés,  à corriger les imperfections, les éventuelles erreurs, à penser à tout, à se faire peur…

Et à commencer sérieusement la diffusion par souscription, car le livre sera prêt mi-décembre.

 

 

Figures Fugitives: le Moulin du Got

Sur le tard…
Le Tard est une rivière. Semée de moulins.
Certains sont devenus des ruines. D’autres des maisons particulières.
Celui dont nous parlons aujourd’hui est resté un lieu d’industrie, même s’il est aussi un conservatoire, pour la fabrication du papier et pour l’impression typographique.

En mars dernier, nous sommes allées jusqu’à Limoges, rendre visite au  Moulin du Got, à Saint Léonard de Noblat, et discuter avec ses ouvriers de haute qualification, qui ne font pas dans la nostalgie, de notre projet de livre.

Vous pouvez visiter le site du Moulin en suivant le lien ci-dessus, et jeter un oeil sur la galerie de photos que j’ai prises sur place en mars.

L’odeur de la pâte à papier, de l’encre, du plomb. La lumière qui accroche les feuilles séchant dans le grenier, la limaille de plomb au pied de la linotype, les casses cloisonnées, séduisantes  comme des jouets d’adultes…

Et cette image à déchiffrer.

Moulin-7061

Figures Fugitives: de l’Exposition au Livre

J’ai trouvé les Lamentations de la Vieille Femme de Beare  sur les tables de présentation de la Librairie Le Bel Aujourd’huià Tréguier, l’oeil d’abord attiré par une jolie édition bilingue. Puis le texte s’est imposé comme s’imposent les paroles anciennes quand elles résonnent jusqu’à nous. Claude me l’a emprunté (longtemps) l’a lu, a rêvé autour, a muri des images, s’est mis en tête de travailler dessus. Moi aussi.

Bref, nous avons décidé de travailler ensemble, mais à l’aveugle, chacune à partir de sa lecture personnelle et sans nous consulter – en pariant que la réunion des images et des poèmes aurait un sens et respecterait à la fois le texte des Lamentations et nos deux lectures. Le résultat, sept images et cinq poèmes, a été exposé trois fois en 2012 (Clichy la Garenne, Tours et La Ferté-sous-Jouarre); il voyagera sans doute vers le Tarn et Garonne en 2014, et retrouvera Tréguier et Le Bel Aujourd’hui en 2015).

Et en 2013? Hé bien nous faisons un livre. L’exposition s’appelait « Variations sur les Lamentations de la Vieille Femme de Beare », le livre s’appellera « Figures Fugitives ».

La première étape de l’aventure du livre, c’est un voyage en Limousin…

 

Figures Fugitives: les Lamentations de la Vieille Femme de Beare

 

Lamentation 1
Lamentation 1


 

 

Un visage dégradé comme au vitriol ouvre la suite de sept images crées par Claude Baudin pour rendre compte de sa lecture des Lamentations de la Vieille Femme de Beare.

Ce texte si ancien qui nous frappe au  présent, nous l’avons lu dans la traduction de l’irlandais ancien écrite par Derry O’Sullivan, Jean Yves Berriou et Martine Joulia, parue aux Editions de l’Escampette, en Poitou.

 

Voici l’incipit:

Jusant me vient, comme à la mer;

ma vie reflue , en jaunissant;

je peux pleurer, je peux pleurer,

lui joyeux s’avance vers sa proie.

Claude Rouquet, l’éditeur, n’a pas de site, mais vous pouvez visiter le site du Centre Régional du Livre de Poitou Charentes, et regarder le portrait que lui ont consacré les documentaristes des Yeux d’Izo.