Un beau salon, vraiment, dans ce lieu d’exposition magnifique créé dans une ancienne fabrique de pâtes alimentaires qui accueille toute l’année des artistes plasticiens. Merci à toute l’équipe de bénévoles qui prend en charge l’organisation du salon et l’accueil des exposants.
Pendant le festival Le Livre se Livre, qui a eu lieu à Plougrescant, dans les Côtes d’Armor, du 19 au 23 avril dernier, la Baraque de Chantier a parlé de son travail d’édition, et du lien entre le texte poétique et l’image photographique qui le structure.
Pour ne pas lasser l’aimable public qui nous écoutait, nous avons introduit notre conférence – notre causerie plutôt – par ce petit film :
Pour compléter ce qui n’est pas un compte rendu de ces cinq jours si riches, et si fatigants que nous n’en sommes pas encore tout à fait revenues, voici quelques photos sorties de l’appareil de Pierre Vaxelaire.
Au Celtic… Les conférences Pascale NatorpLa Baraque de Chantieret son cinémaPascale avec Jean Lancriqui se prépareOdile Douetd’impression en reliureet Aliette Armel le dernier jour.
On repart en campagne pour l’année prochaine : le prochain rendez-vous est à Crest, dans la Drôme, fin octobre. En attendant, nous guettons nos désirs de livre…
je suis du bout des doigts une griffure je cherche la ligne je cherche la lettre je cherche qui écrit sur les murs comme un graffeur qui cherche ses yeux
je bute sur une fissure noire je l’enjambe et je parcours un champ de ruines un chaos de tranchées et de croûtes capharnaüm où pleurent les visages :
l’enfant caché sous la pierre l’assise pleurant les mains sur ses genoux les vieux qui pleurent aussi sous les rides du front les pieds pataugeant dans l’immonde
la mort grave sur les murs les perforations des projectiles qui me regardent qui nous regardent comme les trous des yeux dans l’os
je suis du bout des doigts la frontière d’encre la ligne de partage des pleurs les rivières qui drainent leur eau vers la mer les terres anéanties qui renaîtront
cette année et celles qui viendront puissent se multiplier ceux qui sauront encore tracer sur le mur l’élan d’une fleur sauvage
Nous avions oublié. nous – avions – oublié oublié – les – avions à quoi – servent – les avions et pourquoi – les avoir – inventés
Nous avions oublié. nous – avions – oublié oublié – les potences – et les cordes et la flèche – des grues et les corps suspendus … Les voix crient percent les murs – les tympans
Voilà on se souvient ensemble face au mur étouffé de brouillard pensant marchant courant décrivant les sentiers et parcourant les villes arpentant les estrans les places les jardins dérivant sur l’estuaire déboulant le pierrier éclaboussant les flaques attisant les miroirs faisant feu de tout bois multipliant les graines tripotant les nuages étourdissant les fleuves caressant les enfants les bêtes les amants couvrant de fleurs le tombeau des aimés défaisant pas à pas les chemins de misère ouvrant la porte aux rires au souffle du printemps. Rêvant. Tout grand.
Dans la chevelure Dans les cheveux Dans les grands cheveux bleus des Fées
Dans les cheveux verts des enfants des Fées
Dans les pas des grands chevaux cosmiques dont le galop arrache des mottes à la Terre
Dans les sentiers couverts de feuilles grisaille douce propice aux naissances des micro organismes furieux
ils se jettent se précipitent fous ivres se jettent se précipitent dans la pâte noire du temps fous ils brisent la nuit de marbre des galaxies tournoyant folles ivres
Voient presque jusqu’au bout de l’univers avec leurs gros yeux blancs ils mâchent les herbes râpeuses boivent l’eau plombée des mares s’ahurissent de reflets
Mélangent l’exact et le faux la terre véritable et la poussière de plâtre modèlent avec leurs pattes habiles des petites figurines grotesques qui vacillent sur deux jambes balbutient.
les animaux ravis de l’avoir inventée souhaitent une longue vie à notre humanité