Au Centre d’Art de l’Ancienne Synagogue, La Ferté sous Jouarre
Claude Baudin expose avec cinq autres artistes les week-end des 05 et 06 avril, et des 12 et 13 avril. Le lieu est magnifique, les œuvres sont de qualité. L’association D’ART D’ART poursuit son fidèle compagnonnage avec les artistes, et défend tous les visages de l’art.
Il y aura quelques livres choisis de La Baraque de Chantier, en dialogue avec les images de Claude.
Le vernissage a lieu le vendredi 4 à partir de 19h.
La mer était gelée Au-dessus d’elle et dans l’écume cent paroles nous regardaient Tout autour ça bruissait de voix inaudibles
j’ai vu tomber les feuilles et j’ai vu couler l’eau j’ai vu l’année passer
Dans l’ocre et dans le bleu, Dans le hasard craquelé sur le mur Dans le blanc sali du sol où chaque tache devient fleur
j’ai vu tous les oiseaux se jeter vers le ciel j’ai vu l’année passer
Dans la grisaille à peine émue où flottaient les poissons Sur la grève azurée parcourue de fantômes
j’ai vu des pas anciens que le sable a gardés j’ai vu l’année passer
le mur était dressé derrière lui dans la poussière mille figures nous appelaient Tout autour ça vibrait de cris inaudibles
j’ai vu les murs tomber et j’ai vu monter l’ombre j’ai vu l’année passer
Que le souffle du vent balaie les détritus dans le caniveau que le solstice rallonge les jours et rosisse les joues du soleil que le petit matin accueille les moineaux et les grives que l’humanité se réveille dans l’abondance et dans le rire que l’année vous soit bonne, qui que vous soyez.
Pendant le festival Le Livre se Livre, qui a eu lieu à Plougrescant, dans les Côtes d’Armor, du 19 au 23 avril dernier, la Baraque de Chantier a parlé de son travail d’édition, et du lien entre le texte poétique et l’image photographique qui le structure.
Pour ne pas lasser l’aimable public qui nous écoutait, nous avons introduit notre conférence – notre causerie plutôt – par ce petit film :
Pour compléter ce qui n’est pas un compte rendu de ces cinq jours si riches, et si fatigants que nous n’en sommes pas encore tout à fait revenues, voici quelques photos sorties de l’appareil de Pierre Vaxelaire.
Au Celtic… Les conférences Pascale NatorpLa Baraque de Chantieret son cinémaPascale avec Jean Lancriqui se prépareOdile Douetd’impression en reliureet Aliette Armel le dernier jour.
On repart en campagne pour l’année prochaine : le prochain rendez-vous est à Crest, dans la Drôme, fin octobre. En attendant, nous guettons nos désirs de livre…
je suis du bout des doigts une griffure je cherche la ligne je cherche la lettre je cherche qui écrit sur les murs comme un graffeur qui cherche ses yeux
je bute sur une fissure noire je l’enjambe et je parcours un champ de ruines un chaos de tranchées et de croûtes capharnaüm où pleurent les visages :
l’enfant caché sous la pierre l’assise pleurant les mains sur ses genoux les vieux qui pleurent aussi sous les rides du front les pieds pataugeant dans l’immonde
la mort grave sur les murs les perforations des projectiles qui me regardent qui nous regardent comme les trous des yeux dans l’os
je suis du bout des doigts la frontière d’encre la ligne de partage des pleurs les rivières qui drainent leur eau vers la mer les terres anéanties qui renaîtront
cette année et celles qui viendront puissent se multiplier ceux qui sauront encore tracer sur le mur l’élan d’une fleur sauvage
Nous avions oublié. nous – avions – oublié oublié – les – avions à quoi – servent – les avions et pourquoi – les avoir – inventés
Nous avions oublié. nous – avions – oublié oublié – les potences – et les cordes et la flèche – des grues et les corps suspendus … Les voix crient percent les murs – les tympans
Voilà on se souvient ensemble face au mur étouffé de brouillard pensant marchant courant décrivant les sentiers et parcourant les villes arpentant les estrans les places les jardins dérivant sur l’estuaire déboulant le pierrier éclaboussant les flaques attisant les miroirs faisant feu de tout bois multipliant les graines tripotant les nuages étourdissant les fleuves caressant les enfants les bêtes les amants couvrant de fleurs le tombeau des aimés défaisant pas à pas les chemins de misère ouvrant la porte aux rires au souffle du printemps. Rêvant. Tout grand.