Pour 2021

Photo : Claude Baudin

il tire la couverture à lui il nous tire les cheveux au milieu de la nuit il tient en suspens des destins essentiels / de ceux qui donnent de l’importance à nos jours il se croit le maître du monde il croît inconsidérément il est le nuisible de la fin de la journée la petite noirceur familière qui nous tient au lit le danger que nous oublions sauf la peur dans l’œil du passant du caissier du supermarché du compagnon de la ligne P de la coiffeuse et de la dame au petit chien il invente des nuages toxiques et des parcours de main en main il rend fou il rend éphémère

il est stupide et seul dans son enveloppe

il ne détient aucun pouvoir contre
la vie contre
le poème des jours ordinaires et
le goût sucré des acacias de
l’an prochain

D.B.G.

Pour 2020

Cosmos

 

Claude Baudin (photo numérique)

dans la pupille de l’univers
(ce fruit de prunellier)
pulsars quasars renards
cachés dans l’embrouille des ondes

avivent la curiosité des choses,
de l’indéchiffrable livre
enroulé sur lui-même
au point de capiton

dans les plumes de ses cristaux
les oiseaux magnétiques
cherchent leurs pôles
et tournent leurs rémiges

depuis un coin de ce désordre,
nos yeux ouverts, bronchant
sur la haie des ténèbres,
entrevoient le tissu du monde

nous n’avons pas le temps
c’est l’hiver ; nos pas de patineur
rayent la glace grise
et captent la lumière

au revers de l’année.

D.B.G.

 

Pour 2019

Impaire

photo Claude Baudin

s’imaginer arbre
passe-murailles
arrache-grilles
fauteur de troubles

marcher comme sorcière
aspirer la nuit
boire son souffle
mimer ses lunes

grimper aux branches
choisir sa prise
voir au travers
deviner vite

guetter sur la rue
le premier chat gris
qui prédira
le goût de l’année

DBG

 

 

 

 

 

 

 

Pour 2018

 

On a beau faire, un son trahit chaque mot — Traduire est en trop (Hubert Haddad) Photo Claude Baudin.

Où vont nos corps
mêlés aux corps des bêtes
mélangés aux cailloux
plissés par les montagnes
Où vont-ils,
bras serrés, yeux fermés?
Ils glissent avec les glaciers
vers la plaine inondée.
Depuis, tu tiens un caillou
dans ton œil.
(Dominique Barberet Grandière)

 

Vœux 2017

Claude Baudin (photogramme sur cyanotype, non révélé)

Dans le froid
devant nous
les pétales de l’année
à peine ouverte
Sous le filet d’eau
des minutes
elle deviendra bleue

Belle année 2017